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▲ L'HISTOIRE DE FRANCE, [i5^3] 83
duc d'Alençon son maistre; mais bien prit au pauvre jeune homme de ce que, au lieu d'aller à son maistre, il descendit trouver sa maistresse, sans rien sçavoir toutesfois de cette partie.
Le proverbe qui dit : Telle vie, telle mort, fut ve-. rifîé dans Etienne Jodelle, poëte parisien qui mourut cette année à Pâris, comme il avoit vécu; car n'ayant pendant sa vie pas craint Dieu, il ne donna en mourant aucun signe de le reconnoître; et même en sa maladie comme il fut pressé de grandes douleurs, etant exhorté d'avoir recours à Dieu, il répondoit qu'il n'avoit garde de le prier ny le reconnoistre tant qu'il lui feroit tant de mal, et mourut de cette façon avec hurlemens épou-ventables. Il fut employé comme le poëte le plus vilain à un vilain ouvrage, et mourut sur ce beau fait, qu'il laissa imparfait. Ronsard a dit souvent qu'il ut desiré, pour la memoire de Jodelle, que ses ouvrages ussènt eté jettes au feu. ll estoit d'un esprit prompt et inventif, mais paillard, yvrogne, et sans aucune crainte de Dieu, qu'il ne croyoit que par benefice d'inventaire.
[1574] En cet an fut faite à Paris une signalée execution de deux gentilhommes, à sçavoir de Boniface La Mole et du comte Coconnas, tous deux exécutés en Grève, où ils eurent les testes tranchées le dernier avril, à cause d'une prétendue conspiration contre l'Etat, et d'avoir voulu emmener M. le duc en Flandres pour faire la guerre à l'Espagnol. Le premier qui fut exécuté fut La Mole (0, qu'on appelloit le baladin de la cour, fort aimé des dames et du duc son maître ; et au contraire hay du Roy, pour quelques particularités plus
(-) Le premier qui futexécuté fut La Mole : voyez les détails du procès dans les Mémoires de Castelnau.
G.
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